Mens sana in corpore sano (un(e) esprit/âme sain(e) dans un corps sain)


Vous, je ne sais pas, mais moi j’ai presque envie d’inviter Madame Hidalgo à passer une nuit chez moi (en tout bien tout honneur, bien sûr). Et pourquoi pas ? Cela lui permettrait de tester grandeur nature (façon de parler vu la taille de mon appartement) les bruits qu’endurent les Parisiens lambda, ceux qui n’ont pas la chance de dormir sous des dorures de la République ou dans des hôtels particuliers avec vue sur jardin privatif. 

Mais si, mais si, ce serait instructif, édifiant aussi étant donné qu’on ne parle bien, et donc a fortiori dans son cas on ne décide bien, qu’en fonction de ce que l’on connaît. Après cette expérience de l’extrême, elle pourrait, en toute connaissance de cause, et donc en toute responsabilité, envisager de prendre des décisions sur la circulation, les autorisations de livraisons, et le fonctionnement des services de la Mairie de Paris, afin d’optimiser toutes ces déclarations récurrentes des pouvoirs publics  sur « les droits des Parisiens », ou sur les préoccupations de leur bien-être, qui font beaucoup d’effet lorsqu’on les annonce sur les réseaux sociaux ou dans les media, mais qui, en pratique, dans la vraie vie, n’ont aucune correspondance directe  avec le quotidien des Parisiens.

J’en veux pour preuve le déroulé de la nuit dernière (et oui, encore et toujours), au cours de laquelle j’ai été réveillée à 3h45 (Je passe sur le premier réveil de 0h40, puisqu’on se dit qu’il reste toute la nuit pour dormir #lol) par l’employé de la Ville de Paris chargé du balayage, (pauvre homme qu’on oblige à se lever au milieu de la nuit), et qui a ouvert le robinet d’eau installé sur la voie pour inonder le caniveau, laquelle eau s’est écoulée bruyamment pendant une demi-heure (jusqu’à 4h15, donc), réveillant toute la rue, un coup à faire faire pipi au lit à tous les gosses du quartier.
Vers 5h45, un camion de livraison s’est arrêté sous mes fenêtres, et en a abaissé avec fracas le hayon, descendu sa charge et traîné son chariot sur plusieurs mètres avant d’en lâcher le manche sur le sol dans un bruit métallique dont l’écho a rebondi sur les façades des immeubles de ma rue.

Enfin à 6h15, juste avant le passage des éboueurs, le monsieur du balai a (re)pris son service ; frouch, frouch, frouch…. Quand je pense à toutes les crottes de chiens (mais pas que) et autres déchets de tous ordres entre lesquels nous slalomons chaque matin pour aller à l’école, je me demande à quoi cela sert de faire un passage aussi (trop) matinal que zélé dans les rues principales, plus en vue, pour afficher une illusoire propreté des rues parisiennes, quand derrière l’arbre se cache une forêt d’immondices que nous supportons au quotidien. (Dois-je évoquer cette énorme bouse, assurément pas le résultat de la défécation d’un chien, qui empeste et rempli l’espace d’une rue moins visible menant à l’école depuis vendredi dernier, et qui n’a toujours pas été enlevée ? Nous opérons un détour tous les jours pour l’éviter). 

Une délégation du Réseau « Vivre Paris » a été reçue le 12 mai 2016 au Ministère de la Santé, pour demander une prise en considération des risques sur la santé générés par les nuisances sonores nocturnes, qui perturbent considérablement les rythmes du sommeil, induisant notamment des maladies cardio-vasculaires et des coûts importants. Les revendications portaient essentiellement sur les nuisances dues à l’alcoolisation, aux terrasses bruyantes, aux « happy hours » qui encouragent la consommation d’alcool (et de cigarette) et entraînent des comportements irrespectueux du repos de chacun.                 Il me semble important d’y ajouter l’autorisation récente (2012) des livraisons nocturnes : « la législation en vigueur prévoit les horaires suivants pour les livraisons de marchandises :                                                                                                                                                   – pour les véhicules de livraison, (dimensions) inférieures ou égales à 43 m2, les livraisons sont autorisées de 22h à 7h du matin

– pour les véhicules propres inférieurs à 29 m2, il n’y a pas de restriction d’horaire

– pour les véhicules d’une superficie inférieures à 29 m2, les livraisons sont autorisées de 22h à 17h « entre 22het 7h du matin »( Paris.fr)
qui, sous couvert d’allègement de la circulation en journée, ont des conséquences dévastatrices sur le sommeil et la santé des adultes et des enfants. Mention y est faite que :

« Toutefois, leur organisation n’est viable que si les nuisances sont acceptables pour la population. » et sous réserve de :

 – camions et camionnettes aux normes PIEK, matériel de manutention (transpalettes, divers mécanismes élévateurs…). Toute la chaîne du silence dispose de solutions novatrices pour une insertion optimale dans le milieu urbain. Pour cette chaîne du silence un label existe désormais (PIEK).

– aménagements de l’intérieur des camions avec des revêtements amortisseurs de bruit,

– aménagement des espaces d’accueil dans les points de vente avec des revêtements spéciaux voire des SAS de réception isolés,

– phares à base de LED,

– revêtements de voirie très performants au point de vue sonore.

Par ailleurs, la formation des chauffeurs-livreurs est nécessaire pour utiliser au mieux ces avancées techniques et les inciter à participer à ce que la livraison soit la plus discrète possible (bruit des voix, radio …). »(sic).                                                              Autant vous dire qu’aucune de ces conditions n’est respectée, (et pour cause, c’est irréaliste pour les entreprises et les employés, tant du point de vue du coût que de la mise en œuvre) et que cette expérimentation bien qu’en échec total, est devenue la norme, au détriment de la santé des Parisiens.

Je m’étonne donc de la réaction récente de la Maire de Paris à la proposition d’un service de l’entreprise Amazon de livrer les commandes en une ou deux heures. Elle y serait opposée au nom de « la qualité de vie des riverains au regard de la logistique du centre et du trafic des véhicules de livraison ». Je suis heureuse d’apprendre que la qualité de vie des riverains l’intéresse, mais j’aimerais y apporter la précision suivante : Quand elles ont lieu dans la journée, les livraisons dérangent nettement moins les riverains, et pour cause, le vrai moment de la journée où ils ont besoin de calme, c’est la nuit ! C’est tout bête, mais il semblerait que cette évidence échappe à ses considérations.

C’est pour cette raison que je propose à madame Hidalgo de venir tester en direct live la qualité des nuits des riverains de Paris centre. Comme je suis bien élevée et courtoise, je lui préparerais des gâteaux, du thé ou du café, et nous attendrions ensemble, calmement, les preuves de ce que j’avance, qui ne manqueraient pas de s’inviter à la fête, à n’en pas douter. Cela lui permettrait également de juger sur pièces les méfaits de ces bruits récurrents sur le sommeil des enfants, dont les normes OMS recommandent 11h de sommeil à 11 ans, 9h à 15 ans, etc… et qui ont bien du mal à atteindre ces normes quand leurs nuits, de 20h30 à 7h, sont interrompues par des bruits toutes les deux ou trois heures.

À moins que je n’avise les services de la D.A.S.S. au nom de la protection de l’enfance, qui feraient les relevés des décibels dont les seuils sont assurément dépassés avec les exemples que je cite puisqu’ils nous réveillent chaque nuit, afin qu’ils constatent les problèmes récurrents de sommeil dont souffrent les enfants parisiens.                                             Est-il besoin de rappeler également que sans sommeil, petits et grands ne peuvent atteindre leurs capacités optimales de concentration, d’efficacité et de réussite et que ce manque porte un grave préjudice à leur quotidien scolaire ou professionnel, quand depuis l’Antiquité les hommes savent qu’il ne peut y avoir d’esprit sain dans un corps qui ne l’est pas… 
 
 

6 réflexions au sujet de « Mens sana in corpore sano (un(e) esprit/âme sain(e) dans un corps sain) »

  1. Bravo pour cet article. d’accord avec tout et avec la proposition faite à A. Hidalgo. OUi, il faudrait que Mme la Maire teste elle-même le vacarme de qq-unes de nos « belles rues festives » pendant une nuit chez les habitants.

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    1. Merci pour votre commentaire. Malheureusement, j’ai bien peur que les réclamations des Parisiens restent sans réponse… L’accent est plutôt mis sur les projets très coûteux (et souvent superflus) qui font de l’effet mais aucune prise en considération des vrais problèmes ; ceci dit les politiques fonctionnent désormais dans le « coup de com' » permanent, et sont à des années lumière des réalités… J’avais déjà publié un article en février (« Il est 5 heures, Paris sommeille »), et nous sommes très nombreux à traîner le manque de sommeil comme un boulet, mais visiblement, ça n’empêche pas la Maire de Paris de dormir…

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  2. Vous n’ete probablement pas faite pour la ville (ceci dis sans aucune espece de leçon ou autre…)
    J ai vecu à naple ,marseille , Londre et manchester et coyez moi paris n est certainement pas la plus bruyante des villes , loin de là
    Une ville ne dort jamais , ća fourmille

    Isabelle

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    1. Je suis née à Paris et y ai, à quelques années près, toujours vécu ; depuis une dizaine d’années, force est de constater, et je suis loin d’être la seule dans ce cas, que les nuances ont décuplé, à cause d’une permissivité excessive, notamment liée à une économie de la nuit, au laisser-aller général, et à la modification de règles élémentaires de fonctionnement des services de la Ville de Paris et de la prise en considération et du respect des riverains. Pour ce qui est des autres agglomérations françaises et européennes que vous citez, des associations y sont également créées pour tenter d’alerter sur des nuisances équivalentes. C’est un problème de santé publique qui ne se règle pas en insinuant que ces riverains ne seraient pas faits pour la ville…. Je ne cherche pas à donner des leçons non plus, simplement à ce que les Parisiens qui ont, comme tout le monde, besoin de dormir,soient entendus, voire respectés…

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  3. Médiateur nuit 11e, a monté une opération pierrots de la nuit rue J.P.Timbaud (que ces habitants ont été privilégiés). Rue Saint-Maur et rue Oberkampf. Rien, pourtant des attroupements aux conversations assourdissantes des clients des cafés devant le trottoir des dits cafés (jusqu’à 2 h. en semaines) sans nécessité de fumer et souvent sans leur verre de bière. Plaintes au commissariat, ils s’en moquent et aucune ronde préventive quelquefois qui calmeraient ces excités. Lettres au maire du 11e et au médiateur nuit du 11e, naturellement sans aucune réponse. Ils n’en ont cure. Il faut que les fêtards vivent leur vie en toute liberté au détriment des habitants du quartier et comme le dit un des commentaires précédents. Les résidents du 11e doivent-ils fuir en banlieue sans avoir satisfaction de leurs édiles pour lesquels ils votent pourtant ?

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    1. Comme je vous comprends. Et cela ne se produit pas que dans le 11ème !! Pour tout vous dire, cette nuit j’ai dormi 4 heures. À 2h du matin, mon voisin s’est fait raccompagner chez lui par des amis en voiture, ils ont stationné sur une place auto-lib en bas de mon immeuble, musique rap à fond, réveillant tout le monde en sursaut, enfant compris. J’ai appelé le commissariat, qui dans un premier temps m’a demandé de rappeler plus tard  » si ça continue » (si si). Comme ça continuait, j’ai rappelé, et mon interlocutrice a accepté, pas très aimablement, d’envoyer des collègues. Comme le commissariat est loin de mon domicile, le temps qu’ils arrivent, la voiture était repartie. (De toute façon, les policiers sont crevés, ils ont passé un mois à surveiller Paris-Plages, maintenue coûte que coûte….) Mon voisin, très bien élevé, a donc claqué la porte de l’immeuble bruyamment, puis sa porte d’appartement, puis ses chaussures lâchées sur le sol, puis son portable qui dégringole… Il est comme tout le monde maintenant, il ne respecte rien ni personne. Tout ça nous amène à 4h30, et impossible de retrouver le sommeil avant 6h… Autant vous dire que d’un point de vue professionnel, aujourd’hui, je suis très efficace… Mais comme vous dites, la mairie de Paris et autres adjoints n’en ont strictement rien à faire, pour rester polie. De l’esbroufe, de la parade, de la démagogie et de la supercherie, c’est tout. « Les Pierrots de la nuit », les « chuteurs » quelle plaisanterie !! Rien que leur nom fait sourire, alors imaginez leurs interlocuteurs quand ils sont éméchés ou défoncés…. La preuve avec mon voisin… On préfère se pavaner avec des argumentations vaseuses sur l’environnement (contredites par des commissions) pour justifier des dépenses somptuaires de « piétonnisation » des quais de Seine, sans admettre par exemple que la circulation reportée en hauteur va impacter les riverains en pollution sonore et atmosphérique, c’est plus vendeur !! Quant aux Parisiens, c’est effectivement  » soumets-toi ou tire-toi » , le mot d’ordre qui leur est adressé ! C’est la démocratie de la communication, du vent !!

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